Restitution
de l’ESCo Plastiques
Les conclusions de l’expertise scientifique collective (ESCo) pilotée par l’INRAE et le CNRS, sur les plastiques utilisés en agriculture et pour l’alimentation, ont été présentée lors d’un colloque de restitution le 23 mai au Grand amphi MGEN à Paris.
La contamination à l’échelle mondiale des sols agricoles est (…) supérieure à celle des océans et constitue un sujet majeur de préoccupation.
Cette conclusion alarmante est celle de l’expertise scientifique collective (ESCo) pilotée par l’INRAE et le CNRS, sur les plastiques utilisés en agriculture et pour l’alimentation, restituée la semaine dernière.
Pour obtenir un éclairage sur l’utilisation des plastiques le système agricole et alimentaire, et la pollution qu’elle engendre, l’ADEME et les ministères en charge de l’agriculture, de l’alimentation et de la transition écologique ont sollicité ces deux organismes de recherche pour conduire une expertise scientifique pluridisciplinaire et européenne. Ce rapport commandé en 2021 est tiré de l’étude de 4 500 publications académiques et textes législatifs par un collectif d’une trentaine de scientifiques français et européens de différentes disciplines.
Ce collectif a mobilisé une approche systémique et historique pour comprendre le rôle des plastiques et questionner leur soutenabilité dans les chaînes de valeur alimentaires. Ils ont abordé les relations entre origine pétro- et bio-sourcée des plastiques, leur composition, et leurs propriétés. Ils ont examiné les connaissances scientifiques relatives aux stratégies de gestion des déchets plastiques, en particulier le recyclage et la biodégradation, ainsi que la dispersion des plastiques et les impacts qui en découlent sur la santé des écosystèmes continentaux et des êtres humains.
En termes de recyclage, le constat de l’expertise est amer :
- Au niveau mondial, la majorité des déchets plastiques sont enfouis (64%),
- Au niveau européen, ils sont principalement incinérés (42%),
- Au niveau de la France, ils sont quasiment à part égales collectés pour le recyclage, incinérés ou enfouis (respectivement 35%, 33% et 32%).
Sur une note plus positive : la quantité de déchets plastiques envoyés au recyclage a doublé en Europe ces 15 dernières années pour atteindre 35% aujourd’hui, notamment grâce à l’amélioration des systèmes de collecte et de tri. Cependant, les pilotes de cette expertise sont unanimes : le défi principal est avant tout de réduire notre consommation de plastique.
Aux côtés de la cheffe de projet Paresys Lise (INRAE), les trois pilotes scientifiques de cette ESCo sont membres de l’axe Plastiques du PEPR : Muriel Mercier Bonin, directrice de recherche à l’INRAE, Baptiste Monsaingeon, maître de conférence à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, et Sophie Duquesne, professeure des universités à Centrale Lille et co-pilote de l’axe.
Les recherches de l’axe Plastiques du PEPR s’inscrivent dans cette volonté d’amélioration de la gestion des déchets plastiques. Parmi ses objectifs : l’analyse de la présence de contaminants, la levée des freins technologiques du recyclage mécanique, le développement du recyclage chimique, mais aussi l’étude d’approches plus transverses, incluant notamment l’éco-conception, l’analyse des flux et des jeux d’acteurs.
Crédit de l’image de couverture : Saype – land-artist
Cette image l’initiative du Groupement De Recherche Plastiques, Environnement, Santé (GDR PES) un GDR qui rassemble la communauté francophone travaillant sur la présence des plastiques et contaminants associés dans tous les milieux (sol, air, eau) et leur impact sur la santé des écosystèmes et de l’Homme.
Elle illustre une recherche indiquant que 60% des sols européens sont dégradés, notamment à cause du plastique. Ironiquement, ces plastiques viennent en grande partie de l’épandage de certains composts supposés maintenir la fertilité des sols. Biodéchets compostés avec des boues des stations d’épuration ou déchets tout venant dont on a extrait la fraction supposée compostable ou fermentescible (OMR). Les études sur champs où des composts issus d’OMR sont épandus révèlent une moyenne de plus de 400kg de morceaux plastiques de 2 à 5mm par hectare dans les 20 premiers cm de sols, à quoi s’ajoutent les encore plus petits fragments.
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