Lieux-totem :
la déclinaison territoriale du PEPR
Les lieux-totem du PEPR Recyclage sont des sites établis de concert avec ses partenaires académiques et socio-économiques, permettant d’accueillir à l’échelle locale des activités liées à la circularité des matières. Bâtis autour de thématiques transverses, ils favoriseront les relations interdisciplinaires et les interactions entre les différents acteurs du domaine. Près d’une vingtaine de ces lieux seront créés dans les prochains mois sur l’ensemble du territoire.
Consolidation du lieu-totem du Mans
Par Charlotte Rousseau (Le Mans Université) et Mathieu Durand (ESO Le Mans), membre de l’axe SHS
Les lieux-totem sont destinés à favoriser, dans un même endroit, les interactions entre les travaux de recherche du PEPR, les formations portées sur ses équipes, et le dialogue avec les acteurs opérationnels du réemploi, du recyclage et de la gestion des déchets. C’est dans cet état d’esprit qu’a été créé, fin 2024, le lieu-totem pionnier de l’Université du Mans.
Ce lieu-totem s’appuie sur une implication de plusieurs de ses laboratoires dans différents axes du PEPR : sciences humaines et sociales, plastiques, et déchets ménagers. Il s’agit à la fois de l’UMR ESO (Espaces et Sociétés) du CNRS qui cherche à caractériser les inégalités environnementales et écologiques inhérentes à toute gestion des déchets, en France comme dans le monde, ou qui travaille à l’identification du métabolisme et de la gouvernance de la matière dans une optique d’économie circulaire. Il s’agit également de l’UMR CNRS Institut des Molécules et des Matériaux du Mans (IMMM) qui caractérise l’impact environnemental des plastiques ou d’ArguMans (Laboratoire de recherche en Gestion) qui s’intéresse aux comportements des consommateurs face aux déchets, aux recyclats et à la réutilisation.
Lieu-totem du Mans, 2024
Ces travaux de recherche s’appuient sur des formations bien ancrées dans le paysage institutionnel et sur une approche méthodologique structurée depuis plusieurs décennies : la rudologie , en tant « qu’approche systématique des déchets », entendue aujourd’hui comme « systémique », telle que définie par son fondateur, le géographe Jean Gouhier en 1985. Ce concept envisage les déchets comme la trace matérielle des modes de production et de consommation, le résultat de régimes organisationnels, le fruit d’un ordre public « rudologique » (Barbier, 2021). Il s’agit de comprendre l’organisation des sociétés et de leurs territoires à travers l’étude des déchets, des recyclats et des objets réemployés.
La rudologie est, tout comme le lieu-totem, étroitement liée aux enjeux sociétaux et aux professionnels des déchets, du recyclage et du réemploi. Ce regard sociétal sur les déchets fait aujourd’hui le succès des étudiants et étudiantes issu.es des deux formations proposées au Mans sur le sujet : le Master MIDEC (Déchets et Économie Circulaire) et le Master à distance TREDECA (Transitions Écologiques, Déchets et Économie Circulaire en Afrique) ; prochainement complété par plusieurs DU (Diplômes Universitaires) de Rudologie montés dans le cadre d’un projet France 2030-CMA (Compétences et Métiers d’Avenir) avec les entreprises du recyclage.
Le lieu-totem de Rudologie du Mans permet de faire dialoguer le PEPR avec l’ensemble de la société, en organisant des journées d’études régulières (sur les plastiques en 2024, les travailleurs et travailleuses de la propreté et du recyclage en avril 2025, les filières REP de recyclage à l’automne 2025, etc.), ou des Cafés RUDO sous forme de visioconférences liées à l’actualité de la recherche (philosophie des déchets, les ressourceries, les mines urbaines) et des acteurs opérationnels (les déchets du bâtiment, dans la grande distribution, les impacts de la loi AGEC, etc.).
Des évènements d’ampleur internationale sont également organisés tel que le colloque « Opening the bin » 4ème édition qui réunira au Mans, en décembre 2025, le réseau international des chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales spécialistes des déchets. L’ensemble de ces activités ont lieu dans un bâtiment en cours d’aménagement à l’Université du Mans, afin de constituer une véritable plateforme expérimentale permettant de porter à connaissance des professionnels et du grand public l’actualité de la recherche. L’objectif est, comme le mentionne la co-porteuse de ce projet Adeline Pierrat, de « favoriser le décloisonnement entre deux mondes […] pour favoriser des échanges décomplexés et bienveillants », permettant d’avancer vers une prise en compte plus soutenable de la matérialité des sociétés.
Création d’un lieu-totem à Bordeaux
Par Philippe Evon (Toulouse INP-LCA) et Cyril Aymonier (ICMCB), membre et pilote de l’axe Matériaux Composites
Accueillis par des établissements de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, les lieux-totems permettront au PEPR Recyclage d’apporter ses expertises :
- Pour des actions d’animation scientifique (journées recherche, écoles),
- Pour interagir avec les entreprises, les collectivités et les associations (journées techniques, présentations d’activités, vulgarisation),
- Pour de la formation (initiale ou tout au long de la vie), en collaboration avec les établissements accueillants et leurs équipes pédagogiques (écoles doctorales par exemple).
C’est ainsi qu’un lieu-totem en lien notamment avec l’axe Composites est en cours de mise en place au sein de Bordeaux INP. Ce lieu-totem s’appelle l’Atelier Durable. Au-delà du lieu-totem du PEPR Recyclage, l’Atelier Durable est un lieu dédié à l’innovation et à son évaluation environnementale, situé à l’ENSMAC – Bordeaux INP. Adossé à l’équipe de recherche CyVi de l’Institut des Sciences Moléculaires, partenaire du PEPR Recyclage, l’Atelier Durable sensibilise, forme et accompagne à la prise en compte des enjeux et impacts environnementaux tout au long du cycle de vie du produit ou du service étudié ainsi qu’à leur évaluation et à leur réduction, le tout grâce à des méthodes scientifiques robustes et actuelles. La transition écologique étant l’enjeu de tous, l’Atelier Durable est également le lieu de rencontres et d’échanges autour de cette thématique et de sa mise en œuvre.
Photo : Alizée Robert (ENSMAC)
Imaginé comme un espace collaboratif entre praticiens et usagers (étudiants, enseignants-chercheurs, personnels, start-ups & entreprises, etc.), l’Atelier Durable, dont l’inauguration se tiendra en Octobre 2025, vise à faciliter la montée en compétence et la prise d’autonomie via différentes formules :
- Sensibiliser et faciliter la mise en action à travers des ateliers tels que la Fresque du climat, la Fresque de la biodiversité ou encore des jeux ludo-éducatifs,
- Former à l’évaluation environnementale, à l’éco-conception et à l’éco-innovation,
- Accompagner à la mise en œuvre de ces méthodes dans des projets d’innovation.
Ainsi, l’Atelier Durable s’organise autour de la prise en compte du développement durable le plus en amont possible des processus d’innovation et de conception de produits ou procédés. Si les méthodes proposées sont déclinables à tous les secteurs d’activité, diverses thématiques en lien avec les matériaux, l’agro-alimentaire ou la chimie sont particulièrement développées dans ce lieu-totem compte tenu de son environnement académique et institutionnel.
Au-delà des moyens logistiques, des actions d’accompagnement et de formation et de l’organisation d’évènements, le PEPR Recyclage va pouvoir bénéficier de l’écosystème en enseignement, recherche et innovation, développé autour du lieu-totem l’Atelier durable : licence Pro REMED (Élaboration, caractérisation et recyclage des matériaux pour une transition énergétique durable), master international AMIR (Advanced Materials Innovative Recycling), la chaire pour l’émergence, la science et la société DREAME (Durabilité et recyclabilité des matériaux pour l’énergie), le projet BATTENA pour se former aux métiers de la filière batterie, le projet REMANA (Recyclage des Matériaux en Nouvelle-Aquitaine), la création de start-ups, etc.
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